Main-d’œuvre : Attention aux angles morts dans l'agroalimentaire

7 mars 2023
par Sylvie Cloutier

C’est un sujet dont on traite régulièrement mais la récente sortie de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITAQ) au sujet du manque d’inscription dans cette école de formation professionnelle m’a fait réagir plus vigoureusement.

Actuellement, presque tous les domaines souffrent d'une pénurie de travailleurs et de ressources. L’importance et la précision des actions gouvernementales entraîneront des répercussions à long terme sur plusieurs.

En effet, la stratégie gouvernementale québécoise visant à attirer les jeunes vers certains secteurs en déficit de main-d'œuvre, notamment la santé, l'éducation et la construction, à travers des incitations financières significatives, s'avère être un couteau à double tranchant.

De nombreux autres secteurs essentiels, bien que moins médiatisés, connaissent une chute drastique des inscriptions dans les cégeps et les universités depuis plusieurs années déjà.

Cette tendance est particulièrement perceptible dans l'industrie alimentaire.
De nombreuses professions et spécialisations cruciales impliquées dans la fabrication des aliments et des boissons sont déjà fragilisées, et le déficit de ces ressources se fait déjà ressentir pour les entreprises.

Chaque métier joue un rôle crucial
Dans le secteur de la transformation des aliments et des boissons, chaque métier joue un rôle crucial dans la création de produits sûrs, innovants et savoureux qui alimentent les populations locales et mondiales.

De la production agricole à la distribution, en passant par la transformation, une multitude de métiers interviennent à chaque étape pour garantir la qualité, la sécurité et la diversité des aliments que nous consommons.

Qu'il s'agisse de bouchers, de boulangers, de fromagers ou de brasseurs, chaque métier requiert un savoir-faire spécifique et un engagement envers les réglementations et les normes de sécurité alimentaire les plus rigoureuses.

Concilier le respect des recettes traditionnelles avec l'intégration des nouvelles technologies et des tendances du marché représente un défi constant.

Les métiers techniques laissés pour compte?
Les techniciens et ingénieurs alimentaires sont également indispensables, concevant et mettant en œuvre des processus de fabrication et les équipements nécessaires pour garantir la qualité et la sécurité des aliments.

Leur expertise en microbiologie, en chimie alimentaire et en ingénierie des procédés est cruciale pour éviter les contaminations et assurer la conservation des produits tout au long de leur durée de vie.

Les professionnels du contrôle qualité veillent à ce que chaque lot de produits réponde aux normes les plus strictes en matière de salubrité alimentaire et de qualité organoleptique.

Leur travail de vérification, d'analyse et de documentation est essentiel pour détecter les éventuels défauts et garantir la conformité aux réglementations en vigueur.

Enfin, les professionnels du marketing, de la logistique et de la distribution jouent un rôle clé dans la commercialisation des produits alimentaires.

Métiers méconnus et sous-estimés
Dans ce contexte, l'absence d'attention portée à ces métiers peut entraîner des conséquences néfastes sur l'ensemble de la chaîne alimentaire.

Les agriculteurs, les transformateurs alimentaires, les techniciens en contrôle qualité et les spécialistes de la distribution sont tous des maillons essentiels dans l’approvisionnement d'aliments de qualité à la population.

Je le dis et répète : sans eux, la sécurité alimentaire pourrait être compromise, mettant en péril la santé publique et l'économie locale.

Ces métiers sont souvent méconnus ou sous-estimés, ce qui conduit à un manque d'attrait pour les jeunes qui cherchent des opportunités de carrière. Le cri du cœur de l’ITAQ vient de cette situation malheureuse.

Les incitatifs financiers et les programmes gouvernementaux visant à attirer les jeunes vers des secteurs spécifiques doivent donc également prendre en compte l'importance vitale des métiers de l'alimentation.

Avoir une vision
Il est essentiel que les politiques visant à stimuler l'emploi dans certains secteurs ne se concentrent pas uniquement sur ceux qui sont les plus médiatisés, mais qu'elles prennent également en considération les besoins futurs d’un secteur essentiel névralgique, l'industrie alimentaire du Québec.

Cela pourrait inclure des programmes de formation et de sensibilisation, des subventions pour les entreprises alimentaires, ainsi que des initiatives pour valoriser et promouvoir les carrières dans ce domaine souvent mésestimé.

La stratégie gouvernementale actuelle est louable, mais elle doit avoir une vision et être élaborée de manière à garantir la pérennité et la résilience de tous les secteurs essentiels, incluant celui de la transformation alimentaire.

En reconnaissant l'importance cruciale de tous les métiers impliqués dans la chaîne alimentaire, nous pouvons assurer un approvisionnement alimentaire sûr, durable et diversifié pour les générations futures.

Ce texte a aussi été publié dans Les Affaires.


Sylvie

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